Saint-Vincent-de-Mercuze en ce 9 mai. Germaine Paquet sera décédée avant que Nicolas Sarkozy ne soit élu Président de le République. Elle aussi espérait en lui.
Une vie hors de l'ordinaire s'achève là où elle a commencé. Dans ce village de paysans et d'ouvriers devenu jolie bourgade pimpante et fleurie. Très tôt, Madame Paquet a épousé à la fois son homme et sa cause. Ils se sont trouvés, reconnus. Et cela a duré toute la vie. Une existence de combats politiques incessants, harassante de services aux autres, de dossiers de la région.
Elle appartenait à la génération des femmes qui secondaient leur mari, qui « se tenaient à leur place » comme on disait alors. Puis au fil de l'évolution de l'époque, elle s'adapta et conquit son propre espace, affirma sa personnalité : elle aurait pu conquérir les suffrages si elle était née un peu plus tard. Ce fut plus une question de timing que de casting. Car elle avait l'étoffe.
Ce couple - car on ne peut parler d'elle sans lui - est né à la politique quand il fallait faire campagne à vélo pour monter à La Mure pour faire une réunion au temps des listes départementales à la proportionnelle, pour finir avec Internet. Il a connu le temps du marxisme dominant et intolérant, où tenir une réunion à Domène ou Villard Bonnot relevait de l'exploit, pour s'en aller la veille de l'élection de Nicolas Sarkozy. Ce couple représentait à lui tout seul, dans tout le département, la droite et le centre quand tout était à gauche dans les années 70. Germaine et Aimé Paquet abattaient un travail phénoménal, un travail intellectuel, car Aimé Paquet mettait un point d'honneur à connaître les dossiers nationaux et locaux. Un travail d'aide de nos concitoyens qu'ils assumaient jusqu'à l'extrême limite de leurs forces.
C'était un temps où leur maison de Saint-Vincent-de-Mercuze était envahie le vendredi soir et le samedi par toutes les femmes et les hommes du département qui recherchaient une aide. Une fois chacun reçu - alors que le vestibule, la salle à manger, la cuisine avaient été envahis toute la journée - Germaine et Aimé Paquet fermaient leurs volets faisant croire à leur absence et se mettaient à travailler tout le samedi soir et le dimanche toute la journée afin de traiter tous les cas qu'ils avaient reçus. Le lundi, la semaine de travail pouvait recommencer.
Dans ces années là, je pensais qu'il pouvait être le candidat à la Mairie de Grenoble, ce à quoi il se refusa toujours pour demeurer fidèle à son village et à ceux avec lesquels il s'était construit. Après la victoire de Pierre Mendès-France à Grenoble, la domination de Dubedout, l'arrivée de Louis Mermaz, l'écrasante domination socialiste du département, Germaine et Aimé Paquet faisaient face à eux seuls à tout le travail politique du département.
Il menait campagne sur tous les fronts et livrait toutes les batailles : dans une patinoire surchauffée où s'affrontaient Pompidou et Mendès-France, il fut le seul par sa sincérité, son authenticité et son charisme, à se faire entendre. Il me souvint qu'il apporta la contradiction à Pierre Mendès-France en fin de campagne électorale un samedi soir veille de second tour à Eybens : je l'avais entraîné à cette réunion car il avait achevé sa propre campagne. Madame Paquet avait accepté malgré la fatigue et le stress. Il y avait peu de monde dans la petite salle mais PMF eut le tort d'évoquer l'expédition de Suez lancée par Guy Mollet. Aimé Paquet se dressa comme si nous étions devant des milliers de personnes et regardant droit dans les yeux l'ancien Président du Conseil, pointant son index sur lui : « c'est faux ». Il s'agissait de ce que chacun avait voté à ce moment là. On ne pouvait reprendre Aimé Paquet sur ses votes car il était consciencieux en tout. PMF tenta de maintenir un peu plus faiblement son avis. Aimé Paquet se releva et pointa à nouveau son doigt, son regard bleu fixé sur l'adversaire « c'est faux ».
Il n'y avait rien à dire. Ce qui était faux était faux, ce qui était vrai l'était. Germaine et Aimé Paquet appartenaient à cette race d'hommes et de femmes issus de la terre qui avaient su s'en extraire tout en lui demeurant fidèle, pour lesquels on ne transige pas avec la vérité. Elle et lui m'ont défendu jusqu'au bout de leur vie parce que ce qui était vrai dans mon dossier, à savoir que je n'avais bénéficié d'aucun enrichissement personnel, était établi et que tous les mensonges, toutes les rumeurs, n'effaceraient jamais ce fait qui méritait d'être défendu. Je retrouverai sur le sujet la même simplicité et la même force de conviction chez un Nicolas Sarkozy. Car la « grande classe » chez les hommes n'a pas de rapport avec la formation ou l'origine.
Aimé Paquet et Germaine étaient épuisés dans ces années 68 et réclamèrent de l'aide à Georges Pompidou qui envoya un Ministre, Jean-Marcel Jeanneney, à Grenoble. Et tandis qu'eux mêmes préparèrent la succession en lançant celui qui était le jeune Doyen Cabanel, notre actuel Conseiller Général de Meylan, il fut Président de groupe à l'Assemblée Nationale et après un bref passage au gouvernement - il avait refusé le Ministère des PTT à Georges Pompidou car il ne se voyait pas utile à ce poste et accepté le Secrétariat d'État au tourisme car il croyait à ce secteur - il fut nommé Médiateur de la République, auquel il consacra toute son énergie sans percevoir la rémunération car il estimait sa retraite de Député suffisante.
Tout cela ne changea jamais rien pour Germaine Paquet qui travailla toujours autant depuis Saint-Vincent-de-Mercuze : elle donnait son avis sur la vie publique, s'engageait dans les débats, coupait son mari auquel elle vouait une admiration sans borne, mais le moquait aussi. Elle n'avait aucun intérêt pour les apparences, la vie parisienne, le superficiel, et recherchait seulement ce qui pouvait être constructif et utile.
Sans descendance directe, Germaine et aimé Paquet ont énormément essaimé : nous sommes nombreux à nous reconnaître de cette filiation. Ils appartiennent en effet à cette droite authentique, généreuse dans les faits, proche du peuple, vouée au service du public dont la vie ressemble à ce qu'ils on toujours défendu. Une droite qui n'a aucune leçon à recevoir de la gauche si souvent éloignée de ce qu'elle prône.
Ces dernières semaines, Madame Paquet ne souhaitait pas de visites. Elle ne pensait pas digne d'être vue à la fin de sa vie. Au Préfet Gadbin qui m'a dit lui avoir rendu visite il y a un mois, elle a simplement affirmé que maintenant elle voulait rejoindre son mari.
C'est à tout cela que je pense dans l'église en me recueillant à sa mémoire, en pensant à eux, à ce que Saint-Vincent-de-Mercuze a représenté dans l'histoire du département grâce à Germaine et Aimé Paquet. J'étais plus fort ce matin là pour répondre en direct à FR3 et le soir pour ma réunion publique : c'est un devoir de défendre ses convictions et la vérité des faits, et une immense lâcheté que d'y renoncer. C'est ce que la fabuleuse existence de Germaine et Aimé Paquet démontre : qu'on est toujours entendu quand on a tout donné aux autres.
Une grande dame, nous a quitté ! Une femme de courage et de coeur.
Rédigé par : Edie.K | 13 mai 2007 à 19:10
Nicolas Sarkozy a tenu, une fois de plus, parole : il a formé avec son premier minitre un gouvernement d'ouverture avec des représentants de la gauche, des centristes et de la société civile.
Rédigé par : Arthur.M | 18 mai 2007 à 15:08
Nicolas Sarkozy est le seul à avoir formé un gouvernement d'ouverture. Beaucoup en ont parlé mais personne n'a rien fait jusqu'à maintenant.
J'ai confiance en vous, Alain Carignon, car je sais que vous avez des traits de ressemblance avec notre Président de la République.
Ce n'est d'ailleurs pas pour rien si Nicolas Sarkozy vous soutient dans cette campagne pour les législatives et si vous êtes le candidat de l'UMP et de la majorité présidentielle.
Rédigé par : Caroline | 19 mai 2007 à 23:03